Le quartier Heyvaert est un lieu particulier, défini par un lourd passif industriel, laissant derrière lui un riche patrimoine bâti (allant parfois de pair avec la présence de pollution). A Bruxelles, il possède une situation stratégique. Situé entre les nouveaux parcs de la Porte de Ninove et de la station Beekkant, jouxté par le pole commercial et productif des Abattoirs, tout près de la Gare du Midi, traversé par le Canal Bruxelles – Charleroi, et desservi tangentiellement par le hub intermodal de la Gare de l’Ouest. En dépit de cette situation stratégique, le quartier garde par endroits un caractère insulaire, coincé entre ces mêmes infrastructures qui relient ce quartier au reste de la région : la petite ceinture, le canal, la chaussée de Ninove et la rue RopsyChaudron. Ceux-ci sont tant d’artères que de limites à franchir. Pareillement, la clarté apparente de la grille des rues est en conflit constant avec l’organisation chaotique de la mobilité au sein de cette grille urbaine.
Or, Heyvaert peut aussi se définir comme un quartier dans lequel de nombreux primoarrivants en Belgique s’installent, malgré la qualité générale des logements mais où l’accessibilité des TC, les opportunités de travaux peu qualifiés (particulièrement au sein du marché ou en lien avec le commerce de voitures d’occasion) et la robustesse des réseaux sociaux créent un effet tremplin et interviennent pour l’émancipation de ses habitants. Il est, en bref, un lieu créatif et attirant, que ce soit pour vivre, pour travailler ou encore pour visiter et qui innove tout en s’appuyant sur un héritage industriel unique. Il est aussi un quartier pour lequel il n’existe que peu de certitudes quant à ses mutations futures. Guider ces mutations à travers le temps, facilitant la transition de ce quartier vers un modèle durable devrait être le but du PAD Heyvaert. De nouveaux lieux de logement et de nouveaux lieux de travail sont au centre de cette transition, autant que les rues et les espaces verts qualitatifs.
Face a l’incertitude, nous proposons un PAD pragmatique, qui gère la transition sur la base des actifs (patrimoniaux, morphologiques et productifs) et des capacités existantes dans le quartier. Il cherche à s’appuyer sur les leviers de changement suivants :
-Bouleversement programmatique (RORO) et besoin d’une nouvelle identité productive au-delà de la fiction productive proposée par le Plan Canal.
-Nouveaux parcs comme outil de revitalisation et création de plus-values.
-Permettre d’agir plus rapidement aux opportunités qui en ressortent du développement de ce site.
-Installer des projets réversibles, expérimentations du plan global, qui peuvent se pérenniser ou être substituées par d’autres projets.
-Aider au phasage de l’applicabilité de certaines des prescriptions du PAD qui pourront évoluer selon leur pertinence avec les objectifs généraux du plan d’aménagement.